Pourquoi devons-nous tendre vers un numérique plus responsable ?

Bien plus qu'une simple tendance, le numérique responsable est une nécessité, nous devons repenser le numérique pour un avenir plus respectueux de l'environnement et des personnes.

Trop souvent négligée, l’empreinte environnementale et sociale du numérique doit nous alarmer sur nos pratiques et habitudes.

Mais peut-on vraiment associer les mots numérique et responsable ?

Que peut-on faire pour tendre vers un numérique plus responsable ?

Un numérique irresponsable

Le numérique, souvent considéré comme immatériel, cache en réalité une empreinte écologique et humaine significative.

Les impacts du numérique sur la planète

Chaque étape du cycle de vie d’un appareil numérique a un impact sur l’environnement de sa fabrication jusqu’à sa fin de vie, en passant par son usage évidemment.

L'émission de gaz à effet de serre

Le numérique contribue à environ 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et ce chiffre est en augmentation de 8% par an. Pour mettre en perspective, le transport aérien représente 2,5 % et le transport automobile 6%*, le numérique pollue donc plus que nos voyages en avion.

L’énergie utilisée

Nos usages numériques, incluant data centers, terminaux et infrastructures, représentent 7,5% de notre consommation d'électricité. La vidéo en ligne correspond à 60 % des flux de données mondiaux et la production des terminaux représente presque 50% de la consommation énergétique du numérique !*

L’exploitation des ressources en matière première et eau

La fabrication de nos outils numériques a un impact majeur, à titre d’exemple : 200 kg de matière première sont nécessaires pour fabriquer un smartphone de 200 g et chaque tonne de terre nécessite l’utilisation d’au moins 200m3 d’eau* N’oublions pas que l’eau est également utilisée pour refroidir les data centers qui hébergent nos données. En tout, le numérique consomme 7,8 millions de m3 d’eau douce par an.

Les impacts du numérique sur les humains

Exploitation des biais cognitifs, manipulation des algorithmes, économie de l’attention, désinformation, le numérique a un grand pouvoir sur la société...

Besoins vitaux et sociaux

80% des adultes passent plus de 3 h par jour devant un écran avec pour conséquences : la perturbation des rythmes biologiques, l’augmentation de la sédentarité et de l’inactivité, troubles de l'apprentissage ou encore cyber-harcèlement.

Libertés

Les fake news se répandent 6 fois plus vite que les vraies informations qui favorisent de plus en plus la polarisation des idées et la désinformation. Par ailleurs, certains services numériques exploitent les dark patterns (design trompeurs en français) et jouent avec nos biais cognitifs pour nous manipuler. Snapchat, en encourageant les interactions quotidiennes avec des récompenses (les flammes), en est un parfait exemple, nous rendant volontairement dépendants.

Inclusion et diversité

24% des 15-64 ans sont en situation de handicap au sens large pourtant seulement 5% des sites internet sont accessibles et 1 personne sur 6 en France n'a pas utilisé internet au cours de l'année 2019. Sans commentaire…

Mais ça s’améliore non ?

Non, pas vraiment. 😅

Le nombre d’internautes est en constante augmentation et ils ont de plus en plus d'équipements. Le poids des pages web suit le même chemin, entre 1995 et 2022 il a été multiplié par 155 et ne cesse d’augmenter*. Pour faire simple : réserver un billet de train transporte au moins 3 fois plus d’octets qu’il y a 10 ans pour faire exactement la même chose !

Cette augmentation du poids des pages web s'accompagne d'une exigence croissante de puissance des terminaux, raccourcissant leur durée de vie "en bonnes conditions" et incitant les utilisateurs à les remplacer plus fréquemment. D’autant que c’est la fabrication du matériel lui-même qui représente le plus d’impact.

La fabrication des outils numériques a également des répercussions humaines. La fabrication nécessitant des minerais rares comme le cobalt et le coltan, leur exploitation dans les mines génère des conflits politiques et des conditions de travail inhumaines impliquant des enfants.

Le numérique a permis de grandes avancées mais a aussi des conséquences beaucoup moins souhaitables : un impact environnemental massif et grandissant, des inégalités entre utilisateurs ainsi qu’un problème d’éthique évident.

Heureusement, des solutions existent pour tendre vers un numérique plus responsable !

Qu’est-ce que la conception de services numériques responsables ?

Frédéric Bordage de l’association Green IT, la définit ainsi « la conception de services numériques plus performants d'un point de vue environnemental, économique et social ». Le Numérique Responsable vise à concevoir un service numérique guidé par les 3P : People, Planet, Prosperity (personnes, planète, prospérité), ils font écho aux 3P du développement durable People, Profit, Planet.

Personnes

Prendre en compte l’aspect social du numérique, l’impact qu’il peut avoir sur les personnes. Il est question ici d’éthique et de respect des utilisateurs mais également de diminution de la fracture sociale par, entre autres, l’accessibilité des services.

Planète

Créer un service numérique le plus sobre possible afin de réduire l’empreinte environnementale du numérique. Pour cela, il est nécessaire d’éco-concevoir nos produits et services numériques ainsi que nos infrastructures.

Prospérité

Penser un service au-delà de sa valeur économique, mais bien en considérant la valeur que celui-ci apporte aux personnes et à la planète. Cela passe par la prise en compte des leviers du développement durable lors de la conception du service.

Quels sont nos leviers d’action ?

Le Numérique Responsable intervient à chaque étape du cycle de vie d’un service numérique, de sa conception jusqu’à la gestion de sa fin de vie. Nous avons de nombreux leviers d’action, en voici quelques-uns.

Penser inclusion et accessibilité

Sur le web, nous ne partons pas tous avec les mêmes facilités. C’est pourquoi il est essentiel de comprendre et de répondre aux besoins de tous les utilisateurs, quel que soit leur âge, leur niveau de compétence technologique, leurs capacités physiques ou leur équipement. Souvent réduite à des contraintes légales liées au handicap, l’accessibilité n’est que rarement respectée, cela est certainement dû à des préjugés et à un manque de sensibilisation parmi les professionnels du web et les porteurs et porteuses de projet.

L'accessibilité et l'inclusion numériques ont pour but de garantir à chaque utilisateur une expérience web optimale.

Éco-concevoir nos services numériques

Afin de minimiser l'impact environnemental des sites et applications web à toutes les étapes de leur existence, ces derniers peuvent être éco-conçus. Il faut savoir qu’environ 45% des fonctionnalités demandées ne sont jamais utilisées, et 70% ne sont pas essentielles. La définition du besoin et des fonctionnalités est donc une étape essentielle avec un impact fort. L'éco-conception nécessite également des choix judicieux en matière de design, d'interface, de code, d'infrastructure et d'hébergement.

Cette approche permet de créer des interfaces plus légères, efficaces et performantes, tout en prolongeant la durée de vie des appareils utilisateurs.

Proposer un service éthique

Tout simplement en concevant des interfaces respectueuses des utilisateurs et de leur vie privée, sans essayer de les manipuler en exploitant leurs biais cognitifs pour répondre à des objectifs commerciaux. Nous pouvons concevoir en veillant à minimiser les intrusions et en évitant de renforcer leur dépendance à nos applications. Et bien évidemment respecter leurs données personnelles.

En bref, en concevant POUR nos utilisateurs et utilisatrices et non contre eux et elles.

Engagez-vous pour un numérique plus responsable avec Troopers !

En tant qu'agence web et professionnel·les du numérique, nous avons la possibilité, et la responsabilité, de contribuer au développement d’un numérique plus responsable. Chez Troopers, nous défendons le numérique responsable aussi bien dans nos métiers que dans nos engagements et notre environnement de travail.

Prêt·es à vous engager aussi ?

Nous vous donnerons, dans un prochain article, les clés pour vous aussi amorcer cette démarche.

Ensemble, construisons un numérique plus responsable !

*Sources : INR, GreenIT, Shifters, Latitudes, Amnesty International, Ademe.